C'était incroyable... Elle se pensait vraiment retomber dans la dépression ; perdre à nouveau tout goût pour la vie, mais non. Rien de cela ne fut... Grâce à lui. Sa présence l'eut protégé de ses craintes, elle en était plus qu'assurée. Son coeur palpitait, et par ses veines elle sentait une joie se diffuser en son entière personne. Devant cette pierre tombale, il sût quels furent les mots pour lui parler. Elle l'aimait et voir bien plus qu'elle n'eut jamais aimé un homme. Il ne s'agissait pas du grand amour, il était son ami. Ce qu'elle ressentait pour lui était un mystère, un sentiment impossible à exprimer avec des mots. Reste prudente tout de même. T'es fragile et c'est pas le moment de te briser... comme l'autre fois.
Sa montre lui indiquait 13h30 passé, mais cela ne changeait rien à sa décision. Quittant le cimetière, ils prirent de nouveau un taxi qui, pour le coup, les emmena au nord de Brooklyn. Non loin de l'estuaire de Newtown Creek, dans le quartier de Greenpoint, c'était là leur destination ; c'était là que se trouvait l'un de ses cafés préférés, le Milk & Roses.

Elle adorait cet endroit ; il lui rappelait combien elle avait pu lire chacun des livres que les propriétaires laissaient à disposition, et en particulier l'oeuvre de Sir Arthur Conan Doyle, Une étude en rouge. Ils la lui avaient même offert tant elle le dévorait à chaque fois.
Lauren se tourna vers son hôte, il lui sourit après avoir embrassé du regard la pièce. Quelle joie que cela puisse lui plaire ! Enfin, jusqu'à se que son moi intérieur ne lui rappelle ses pensées. Elle le considérait comme son ami, mais il y avait Tony, et Sébastien... Ils l'étaient aussi mais pas comme Kyle. Il est qui pour toi alors ?
- Fiche moi la paix, marmonna-t-elle à sa petite voix.
Il la suivit quant elle alla s'asseoir à une table. Aucune âme musicale ne laissait ses doigts voler sur les touches du piano à queue – Il était de bois, ce qu'elle trouvait magnifique ! - à sa gauche... Quel dommage. Comme leur banquette rouge formait un angle droit, Kyle était à sa droite. Le sentir si proche d'elle la rendait assez nerveuse.
Ce fut autour d'un café italien et d'un bon sandwich que Lauren déballa la version courte de sa vie, car allez savoir pourquoi ? Kyle était très désireux de la connaître. Elle évita avec soin les passages sombres du genre solitude, déprime de pré-ado et série d'événements étranges dont elle n'avait le moindre souvenir. Ce n'était pas vraiment des moments agréable à évoquer.
Elle parla alors de sa mère, la seule femme pour qui elle aurait donné sa vie – tout en sachant qu'il en allait de même pour Sydney, Maria et Pepper maintenant – et affronté toutes les difficultés. Mais il ne fallait pas si tromper, Ava était une travailleuse pleine de ressource ! Lauren en était si admirative qu'elle prit - deux mois à peine après leur arrivée - plusieurs jobs pour l'aider.
La perdre fut un grand malheur, vu qu'elle n'avait d'autre parents sur qui compter... Comme son père biologique. Il fut le seul homme dans la vie de sa mère, et il s'évapora bien avant que celle-ci ne lui donne naissance.
- Vous ne savez rien de lui ? s'enquit Kyle en reposant sa tasse. Pas même son nom ?
Elle tritura ses boucles pour oublier sa gêne.
- C'était un prénom peu commun... Gorn, il me semble.
- Et c'est tout ?
Comment réussissait-il à imposer sa volonté en si peu de mots ? Parler de ce père qu'elle n'eut jamais connu ne figurait pas dans le top trois de ses sujets de conversation. Mais lui, il s'en moquait. S'il voulait en savoir plus, elle ne pouvait résister. Il l'intimidait quelque peu, ce qui la troublait, la fascinait.
- Non.
- Racontez, imposa-t-il confiant.
- Il vint une période où j'ai voulu savoir qui il était. Ma mère m'avait répondu qu'elle l'avait rencontré sur son lieu de travail et qu'elle vécu avec lui sa plus belle histoire d'amour.
- Je vois, cela a dû vous révolter qu'il l'ai abandonné.
- Je n'ai pas réussi à l'être... Son bonheur était si grand quant elle en parlait.
Il ne dit un mot, lui laissant le temps de réfléchir aux siens.
- Je me doute qu'un jour je sache toute la vérité sur cet homme, si c'en est bien un.
- J'en sais rien... C'est qu'elle l'a rendu si mystérieux. Franchement, je ne sais pas quoi en penser.
Il fronça les sourcils et Lauren se demandait si elle avait bien fait de lui dévoiler ce détail. Mais quand il lui répondit qu'il trouvait cela intéressant, elle ne su quoi en penser réellement.
Peu à peu, des bribes d'informations qu'il obtenait, le tableau de sa vie se reconstituait. Loki allait très bientôt comprendre les mystérieuses origines de cette femme, Lauren Reyson. Il ne faisait de doute que sa mère était humaine. L'évidence obligeait donc à reconnaître ce Gorn comme son père biologique.
Cependant, beaucoup de questions restaient encore sans réponse. Après la lourde attaque qu'il leur avait fait subir, comment un membre de ce peuple aurait-il pu atterrir ici ? Et surtout, féconder une humaine ? Tu ferai mieux de la tuer. Quelle importance qu'elle soit à moitié jotun après tout ? Elle finira par causer ta perte si tu la laisse vivre ! Alors ne la sous-estime pas comme tu l'as fait avec cette équipe bancale de super-héros.
- Tais-toi, souffla-t-il à cette voix intérieur.
Debout aux côtés de Lauren, il ne quittait des yeux la main qu'elle agitait frénétiquement en l'air. De ce qu'elle lui disait, la pauvre ne savait pas siffler, ce qui constituait dans cette ville un réel handicap. Un taxi fini par les prendre, et bien que le trajet s'annonçait rapide, Loki trouvait vraiment désagréable de ne pouvoir étaler ses jambes à sa guise. Ah ! Et moi qui me plaignait des moyens de transport asgardiens... Décidément, c'était presque à croire que cette cité lui manquait énormément. Plutôt mourir, jura-t-il silencieusement, ce qui toutefois attira l'attention de Lauren. Sourire restait sa meilleure défense pour lui faire oublier ses questions... Ce qui soit dit en passant l'intriguait un peu. Pourquoi un simple sourire est-il si efficace ?
Le chauffeur les déposa au pied d'un pont de métal. Loki n'allait certainement pas attendre qu'elle ai payé pour sortir de ce maudit véhicule. Ouvrant la porte, il s'en extirpa et manqua de s'étaler sur le trottoir, en lisant sans le vouloir le nom de l'enseigne. Lauren le rejoignit, toute gaie comme à son habitude.
- Qu'est-ce qui vous arrive ?
Que pouvait-il lui répondre ? Qu'une envie soudaine de brûler ce bar le prit ? Et puis d'abord, pourquoi ne pouvait-elle pas s'empêcher de le fixer avec de grands yeux innocents ?! Garde ton calme... C'est juste un bar... Ça n'a strictement rien à voir avec toi...
- Oh rien. J'aime bien le nom de ce bar.
- Le Half King ? Connais pas. On y va ?
Elle voletait déjà sur les marches de l'escalier menant au pont.
- Vous auriez pu m'attendre, se plaint-il en la rattrapant.
- Avec mes petites pattes, pouffa-t-elle, je prenais juste un peu d'avance.
Loki se surprit à sourire, mais ce qui l'effraya en cet instant, ce fut son incapacité à s'en défaire. Peut-être qu'être heureux te plais plus que tu ne l'avais imaginé, ricana sa bien détestée conscience. Si seulement elle avait tort...
En quête d'oublier son malaise, il observa son environnement. Ce n'était pas qu'un simple pont, il s'étendait derrière et devant lui. De plus, il était orné de verdure comme de bancs tout du long.
- Quel est cet endroit ?
- La High Line, lui sourie-t-elle tout en commençant à avancer. C'est une ancienne voie ferrée aménagée en promenade. Je pensais qu'après notre déjeuner, se promener ici serait apaisant.
- Je vois, se contenta-t-il de répondre.
Marchant côte à côte, il n'osait la regarder et encore moins la toucher. Au milieu de tous ces passants, Lauren constituait une sorte de bouclier, lui permettant de souffler un peu.
- Ah ! J'oubliais, mais ça ne vous dérange pas toute cette marche ?
- Non, pourquoi ?
- Et bien, de tout moyen de transport qui soit je préfère marcher. J'ignore en revanche si vous...
- Ça ne m'ennuis pas, assura-t-il.
En effet, plus jeune, Loki aimait parcourir Asgard, entre autre pour échapper à son frère et ses ridicules amis. Il réfléchissait bien mieux lors d'une marche solitaire.
Pourtant cette fois il n'était seul, et cela lui plaisait ! Dès qu'il su qu'elle en était la raison, il se maudit de ne pas l'avoir déjà tué. Un sentiment aussi intense qu'inconnu le retenait ; une curiosité plus forte qu'à l'habitude ; tout cela formant le bouclier qui la protéger de son sombre dessein.
- Quelques souvenirs vous sont revenus ?
Cette question le piqua à vif. Je croyais l'avoir prestement ensorcelée... Elle ne devrait pas me parler de ça. L'agacement lui fit froncer les sourcils alors qu'il la fixait. Pas de doute, je te déteste maudite femme. Il devait vite trouver une solution où son hôte se poserait encore plus de questions. Ce fut alors qu'une idée lui vint ; pour lui, l'occasion parfaite d'avoir un avis sincère, et ce sans pour autant dévoiler son jeu.
- J'ai bien peur de vous décevoir, car de ce qui remonte à avant mon éveil dans Central Park, je ne me rappelle que ma famille.
- Mais c'est génial ! s'enjoua Lauren, drôlement intéressée.
- J'avais un frère, hésita-t-il, il me semble.
- C'est déjà un début, souri-t-elle en fermant les yeux.
Sa bonne humeur ne cessait de l'impressionner. Il ne pouvait s'empêcher de revoir son expression au cimetière, se demandant encore et encore comment elle faisait pour paraître si heureuse. Il devrait lui demander de lui donner sa recette secrète ! Mais ne préférant pas y penser, il cassa sec son introspection. Il n'osait pas la regarder dans les yeux, alors il se contenta de fixer le sol avec insistance.
- Dites-moi, si vous aviez une soeur que votre mère chérirait bien plus que vous... Que ressentiriez-vous ?
Il ne pensait sincèrement pas qu'elle lui répondrait avec franchise.
- Je ne sais pas vraiment... Ma mère était une femme droite et généreuse, jamais elle n'aurait fait de différence. Mais si je devais me mettre dans cette situation, j'aurais été certes un peu jalouse.
- Nous sommes d'accord sur un point, se murmura-t-il.
- Je penses que je me démènerai pour ma famille, ajouta-t-elle. Je travaillerai dur et resterait droite pour qu'un jour elle me dise «Je suis fière de toi.»
Ses mots firent brusquement échos aux pensées du prince. Avait-il enfin trouvé la personne capable de le comprendre ? Son subconscient l'espérait en tout cas.
Lauren prit un peu d'avance, de toute façon, il préférait lui en laisser que de marcher à sa hauteur. Un coup de vent et une jeune femme blonde lui rentra dedans ; il ne reconnu pas l'amie excentrique de sa cible. C'était une parfaite inconnu, qui s'accrochait à sa chemise avec insistance, ce qui l'énervait outre mesure.
- Pardon ! Je suis vraiment désolé, piailla-t-elle. J'espère que je ne vous ai pas fais mal.
Oh pitié... Le mensonge était l'essence même de sa vie, alors quant un moustique d'humain le maniait avec autant d'habileté qu'un Bilksnipe à l'épée, il y avait de quoi vomir. Au delà de cette immondicité, ce qu'il y avait de plus irritable, c'était son odeur. Cette créature puait l'hormone à plein nez ! Déjà que Loki n'était pas fan des relations sérieuses, sa dernière pour exemple, les relations purement sexuelles ne l'intéressait absolument pas.
- Je souhaite vraiment me faire pardonner, laissez moi...
- Partez, cracha-t-il sèchement.
Décontenancée, elle le dévisagea tandis qu'il jetait un coup d'oeil sur une Lauren pianotant sur son portable.
- Ecoutez, j'peux comprendre que j'ai été maladroite mais...
- Je n'ai aucun temps à vous accorder, allez-vous-en.
Comment faire pour se débarrasser de ce parasite sans attirer l'attention de son hôte ?! La choquer n'était pas le but rechercher, et bien qu'aujourd'hui, meurtrier de masse étant l'un de ses qualificatifs, par éducation et surtout, par pure estime de lui-même, jamais il ne s'abaisserait à la hauteur de la vulgarité humaine.
L'utilisation de la magie se voulait alors un acte nécessaire, et entrer dans sa tête ne lui prendrait qu'une seconde. Vu le néant que ça doit être à l'intérieur...
- Oh, dans ce cas je vais vous donner mon...
- Regardez moi, imposa-t-il.
- Quoi ?
Voilà son attention captée ; ses yeux fixant les siens ; il allait lui montrer comment avec du talent, manipuler un cerveau pouvait être un fait relevant de l'art. Elle lui rappelait ces enfants en bas-âge capricieux et incontrôlable, alors quelle idée marrante que de la convaincre d'en devenir un.
- C'est pas vrais, souffla-t-il en découvrant que sa cible détourna les yeux au moment où Lauren le rejoint.
- Vous êtes pas net vous, pesta la blonde.
Loki sentit un nouveau malaise naître ; ce qu'il venait de faire, il refusait d'y croire. Mais il n'eut le temps d'y penser, l'autre piaillant, cela détourna son attention. Cette fois, il ne rata pas son coup et lui somma mentalement de dégager.
A cet instant sa respiration s'accéléra, pinçant ses lèvres, il la chercha du regard. Te voilà. Mais... Qu'est-ce que tu fabrique ?! pensa-t-il avec terreur en la voyant grimper sur la rembarre. Ce bout de la Line donnait sur une rue. Ne me dis pas que...
- Wah ! s'écria Lauren. Regarde Kyle, ze vole !
- Descends tout de suite de là !
Ce fut dire à quel point il devint pâle quant elle se laissa tomber dans le vide, un grand sourire collé sur la face.
Nalia, Posté le mardi 31 mars 2015 13:06
Alors, si c'est j'ai bien compris, tu n'as pas encore réécris ce chapitre ?
Enfin peu importe, je l'adore quand même ! On en apprend un peu plus sur Lauren, et leurs sentiments à tous les deux continuent de se développer en douceur... C'est trop bien ! Et puis c'est super sympa les parallèles entre eux ( quand ils font tous les deux taire leur voix intérieur par exemple ).
La chute du chapitre... bah c'est littéralement une chute en fait. ( merci, merci, tu as déjà posté la suite, j'aurai détesté être laissée comme ça !) Par contre je n'ai pas bien compris comment ça se fait que ce soit Lauren qui croit être un enfant... en tout cas ça promet !